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Portrait de Charlotte Madeleine de la Mothe-Houdancourt, duchesse de Ventadour

Découvrez la célèbre gouvernante du futur Louis XV

Présentation de l'oeuvre

École française du XVIIIe siècle, Charlotte Madeleine de la Mothe-Houdancourt, duchesse de Ventadour, v. 1717. Huile sur toile, 81 x 65 cm. Château de Bussy-Rabutin (Bussy-le-Grand)

© Benjamin Gavaudo / CMN

 

Ce portrait de la duchesse de Ventadour est exécuté alors qu’elle est gouvernante des enfants royaux, notamment du futur Louis XV. Charlotte Madeleine de la Mothe-Houdancourt, après un mariage malheureux dont naît sa fille unique, la future duchesse de Rohan, jouit d’une grande popularité à la cour, où on lui pardonne ses écarts de conduite. Charlotte de la Mothe Houdancourt a en effet épousé en 1671 Louis Lévis, duc de Ventadour, gouverneur du Limousin, passé à la postérité pour sa vie scandaleuse, mais aussi, d’après Saint-Simon, pour sa laideur : « Madame de Ventadour était fort belle et fort agréable, son mari très laid et très contrefait. On se soucia peu du mari, dont la débauche et une absence continuelle à la Cour ne lui donnaient pas grande considération. »

La duchesse de Ventadour part ainsi pour la cour où sa mère à la charge de gouvernante des Enfants Royaux. Grâce à sa mère, elle obtient en 1684 la charge de dame d’honneur de la nouvelle duchesse d’Orléans, la princesse Palatine, belle-sœur du roi. On la dit alors maitresse de François de Neufville, duc de Villeroy.

Elle est âgée d’une cinquantaine d’années lorsqu’elle succède à sa propre mère et accède au titre de gouvernante du duc d’Anjou, en partie grâce à l’amitié de Madame de Maintenon, qui la soutient discrètement par ses conseils. D’après le duc de Saint-Simon c’est une jeunesse mouvementée, ainsi qu’une tardive dévotion qui rapprochent les deux femmes... Le futur Louis XV appelle sa gouvernante  « maman Ventadour » car cette dernière aurait notamment sauvé de la rougeole en 1712 le dernier descendant direct de Louis XIV. Charlotte devient ensuite gouvernante de la reine-mère, avant de redevenir la gouvernante des enfants de Louis XV. La charge reste alors dans sa famille et sa petite-fille lui succède. À la cour, Saint-Simon la décrit en ces termes : « Mme de Ventadour avait été charmante, elle conserva toujours un grand air et un air de beauté, et parfaitement bien faite. Nul esprit, de la bonté, mais gouvernée toute sa vie, et faite pour l'être ».

Le portrait du château de Bussy-Rabutin est une copie du portrait peint en pied, aujourd’hui conservé à Versailles et longtemps attribué à Pierre Mignard, dont d’autres versions sont passées en vente publique. Dans cette version en buste, il est à noter que la manche est recouverte par le manteau, simplifiant considérablement l’exécution de la version en buste. Une simplification identique se trouve dans le portrait en buste conservé au musée de Beaux-arts de Marseille.

Sur le portrait de Versailles, la duchesse de Ventadour est vêtue d’une robe en brocard est ornée d'un col et de manches fines en dentelles, avec des pierres semi-précieuses. La gouvernante des Enfants de France est vêtue du manteau réservé aux ducs et pairs. Elle pose près d’une cassette de bijoux, bijoux ont pu lui être offerts par le jeune roi Louis XV, alors qu'il est « passé aux hommes » selon le récit fait par le marquis de Dangeau : « On a fait à Madame de Ventadour un présent magnifique de pierreries que le roi avait eues de la succession de monseigneur le Dauphin, son grand-père, et on estime ce présent 60,000 écus » (Journal, tome XVII, Paris 1854-1860, p. 23 et 24). Elle porte ostensiblement une croix à son cou, encadrée par une barbe noire en signe de deuil. Il s’agit probablement du deuil de son époux, Louis-Charles de Lévis, ce qui fait supposer que l’œuvre a été exécutée vers 1717.

En tant que membre de la cour royale, la duchesse de Ventadour a été de nombreuse fois représentée. Un des portraits les plus remarquables est récemment réattribué à Nicolas de Largillière, où elle apparaît aux côtés de Louis XIV et de ses descendants (Londres, the Wallace Collection).

 

École française du XVIIIe siècle, Charlotte de la Mothe-Houdancourt, v. 1717. Huile sur toile, 174,5 x 115 cm. Château de Versailles

© Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin

 

École française du début du XVIIIe siècle, Madame de Ventadour, gouvernante des enfants royaux. Huile sur toile, 84 x 99 cm. Marseille, musée des Beaux-

© Ville de Marseille, Dist. RMN-Grand Palais / Claude Almodovar / Michel Vialle

 

Nicolas de Largillière (1656-1746), Madame de Ventadour avec Louis XIV et ses héritiers, v. 1715-1720. Huile sur toile, 127 x 160 cm. Londres, the Wallace Collection

© The Wallace Collection

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Jean-Baptiste-César, comte de Sarcus, « Notice historique et descriptive sur le château de Bussy-Rabutin », Dijon, 1854, p. 60.

Lucretia de Planta, « Essai de reconstitution de la collection de Roger de Rabutin, comte de Bussy, au château de Bussy-le-Grand (Côte d'Or) », mémoire de Maîtrise, Paris IV-Sorbonne, 1989-1991, p.59-60, 64-67, 72-73.

M. Mzykova, « Les collections du château national de Sychrov : la Galerie de portraits des Rohan », château national de Sychrov, Comité national du District de Liberec, Tchécoslovaquie, 1985.

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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