Art & Architecture
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Partez à la découverte de la sulfureuse fille du Régent.
Marie-Louise-Elisabeth d’Orléans, fille du Régent, est connue de nos jours par de nombreux portraits littéraires, notamment ceux de Saint-Simon, qui dans ses Mémoires, la décrit comme excentrique et libertine.
Née en 1695, elle est la fille ainée de Philippe d’Orléans et de Françoise Marie de Bourbon. Appelée Mademoiselle d’Orléans, son mariage avec Charles de France, petit-fils de Louis XIV, permet de réunir les deux branches de la maison Bourbon. Après plusieurs grossesses infructueuses et la mort de son époux en 1714, la duchesse de Berry s’installe au palais de Luxembourg où elle participe à des fêtes et accumule les amants. Toute sa vie, les rumeurs les plus folles courent sur elle que ce soit l’inceste avec son père ou encore des grossesses hors mariages. C’est à seulement vingt-trois ans que la Marie-Louise-Elisabeth d’Orléans s’éteint, des suites d’une fausse couche en 1719. C’est une femme qui a marqué la cour de France, mais aussi le début de la Régence. La duchesse de Berry, qui a failli être reine de France lorsque son époux devint l’héritier présomptif de la couronne en 1711, est sûrement l’un des personnages les plus intrigants de la Régence.
Pendant la Régence, la famille d’Orléans accède au premier rang en France. Avec le portrait de Bussy-Rabutin, nous sommes devant un portrait qui suit la tradition de celui d’appart. Aucun attribut ne rappelle le rôle à présent majeur que joue la famille à la cour royale et dans le pouvoir politique. Dans le portrait de la duchesse de Berry, elle porte un manteau orné des fleurs de lys, rappelant son ascendant Bourbon et Orléans, et ainsi son titre de princesse de sang. Le portrait a d’ailleurs été fait par Pierre Gobert, souvent engagé par la famille d’Orléans pour ses portraits officiels. Il a plusieurs fois représenté la duchesse de Berry, dans des portraits d’apparat.
Dans le portrait conservé à Bussy-Rabutin et acquis au XIXe siècle par le comte de Sarcus, Marie-Louise-Elisabeth d’Orléans est représentée en buste, vêtue d’une robe qui évoque celles en vogue pendant les années de la Régence (1715-1723). À la fin de la Régence, l’étiquette s’est considérablement simplifiée, tout comme les tenues, alors qu’en 1715, comme l’atteste le portrait officiel exécuté par Pierre Gobert, le corps baleiné brodé de fils d’or est encore présent, ainsi que le large décolleté orné en son centre d’un bijou appelé boute en train.
Le portrait conservé au château de Bussy-Rabutin est bien plus intimiste, le corps de baleine doré est remplacé par une étoffe simplement moirée, le manteau tombe légèrement à partir de l’épaule droite. Ses seuls bijoux sont des broches, ornés probablement de saphirs bleus, rappelant les bijoux de la famille des Orléans. Les cheveux flottent assez librement, et seul un ruban rouge agrémente la coiffure.
Le portrait conservé au Nymphenburg Palace de Munich, exécuté par Pierre Gobert, la montre dans toute sa magnificence. Un autre, également de Pierre Gobert, vient souligner son goût pour le théâtre. Exposé au musée du Prado, cette œuvre montre la duchesse de Berry dans une tenue de ballet, tenant un masque. Cette passion pour le théâtre est confirmée quelques années plus tard lorsqu’elle se rend plus de cinq fois à la représentation d’Œdipe de Voltaire…
© Benjamin Gavaudo / CMN
© Benjamin Gavaudo / CMN