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Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné

Découvrez un portrait peu connu de la marquise.

Présentation de l'oeuvre

École française du XVIIe siècle, Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné (1626-1696), v. 1651. Huile sur toile, 35,2 x 27,2 cm. Château de Bussy-Rabutin

© Benjamin Gavaudo / CMN

 

Ce portrait a été acquis au XIXe siècle par le comte de Sarcus, mais on ne reconnaît que peu la finesse des traits de la marquise de Sévigné, immortalisée par Claude Lefebvre dans une œuvre conservée au musée Carnavalet. Elle y est représentée en habit de petit deuil, encore jeune et fraîche dans une robe conforme aux normes de la cour, avec un décolleté ovale, le collet de guipure parcourant son échancrure. Des perles animent l’ensemble, de la coiffure au cou. Le portrait exécuté par Robert Nanteuil semble plus proche de celui acquis par Sarcus : la bouche est dessinée et le regard langoureux, mais le nez est moins idéalisé que dans le tableau attribué à Claude Lefebvre. La robe de damas semble sobre dans ce portrait très resserré, mais la cascade de perles animant la coiffure et ses boucles « à la Sévigné » rappelle bien la haute société dans laquelle la marquise de Sévigné évolue.

Née Marie de Rabutin-Chantal, madame de Sévigné est la plus célèbre épistolière française du XVIIe siècle. Les lettres qu’elle rédige sont majoritairement adressées à sa fille, la comtesse de Grignan, ainsi qu’à son cousin, le comte de Bussy. Évoluant à la cour de Louis XIV, la marquise raconte dans ses lettres la vie de cour et les grandes affaires auxquelles elle assiste. Elle fréquente également différents salons parisiens, ainsi que les sociétés du duc de la Rochefoucauld et de madame de Lafayette.

La marquise de Sévigné, cousine germaine de Bussy-Rabutin, entretient une riche correspondance avec son cousin tout au long de leur vie. Elle le tient informé de ce qui se passe à Paris lorsque Bussy-Rabutin se retrouve exilé dans son château en Bourgogne. Ils sont tous les deux attachés à leur prestigieux lignage, à faire vivre « la maison » Rabutin.  Ce souci de la cause familiale chez Mme de Sévigné et son cousin porte un nom : le rabutinage. Ce néologisme, inventé par Mme de Sévigné, apparaît pour la première fois dans une lettre datée juillet 1668 : « Je ne vous dis point l'intérêt extrême que j'ai toujours pris à votre fortune ; vous croiriez que ce serait le rabutinage qui en serait la cause, mais non, c'était vous ». Au-delà du lien familial, il y a des goûts communs, notamment littéraires.

Mme de Sévigné est une source d’inspiration pour son cousin. Son Histoire Amoureuse des Gaules, roman mondain à destination d’un petit cercle d’amis choisis, est d’une structure complexe comme il est d’usage dans le roman galant. Le roman est en effet composé de quatre histoires centrées sur quatre femmes : Ardélise (dans la réalité, Madame d’Olonne), Angélie (Madame de Châtillon), Madame de Cheneville (Madame de Sévigné) et Bélise (Madame de Montglas, la maîtresse de Bussy). Les deux dernières histoires sont insérées dans un récit-cadre, celui de la « Partie de Roissy ».

 

Attribué à Claude Lefèbvre (1632-1675), Madame de Sévigné. Huile sur toile, 81,2 x 65 cm. Paris, musée Carnavalet

© musée Carnavalet

 

Robert Nanteuil (1623-1678), Madame de Sévigné, entre 1665 et 1675. Dessin, 52 x 42,8 cm. Paris, musée Carnavalet

© musée Carnavalet

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Yohann Deguin, Madame de Sévigné et Bussy Rabutin, Ecriture familiale et force de sang, Université de Rouen, 2016.

Gérard Mireille: « Mme de Sévigné et Bussy-Rabutin : la broderie sur le cousinage », Dix-septième siècle, n° 4, 2008, p. 633-644.

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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