Art & Architecture

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Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon d’après Pierre Mignard

Partez à la découverte de l'épouse secrète du vieux roi Louis XIV.

Présentation de l'oeuvre

École française du XVIIe siècle d’après Pierre Mignard (1612-1695), Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon. 87 x 60 cm. Château de Bussy-Rabutin

© Benjamin Gavaudo / CMN

 

Françoise d’Aubigné est restée célèbre dans l’histoire de France par son mariage secret avec Louis XIV en 1683. Elle passe une partie de son enfance dans les Antilles, en Martinique et à Saint-Domingue, car son père espère y faire fortune, en vain. La famille revient finalement en France et Françoise rejoint sa marraine à Paris. En avril 1652, elle épouse le poète Paul Scarron et tient dans leur maison un salon en vogue, où elle rencontre notamment Madame de Montespan.

À la mort de son époux en 1660, madame de Montespan l’invite à la cour de France, pour qu’elle devienne la gouvernante des enfants légitimés qu’elle a conçu avec le roi Louis XIV, pour lesquels elle a beaucoup d’affection. C’est alors qu’elle rencontre le roi et devient sa favorite, à la suite de la disgrâce de madame de Montespan. En 1683, ils se marient secrètement. Son influence sur le roi de France est encore aujourd’hui discutée, alors que la cour de Versailles entre dans une atmosphère baignée austérité religieuse. Elle ne survit pas longtemps à la mort du roi puisqu’elle s’éteint en 1719 à la Maison royale de Saint-Cyr, école qu’elle avait elle-même créée.

Ce portrait, acquis au XIXe siècle par le comte de Sarcus et exposé au château de Bussy-Rabutin, est une copie du portrait de Pierre Mignard, exécutée vers 1694. En 1694, le peintre du roi Pierre Mignard (1612-1695), âgé de 82 ans, reçoit la commande deux portraits, l’un de Louis XIV et l’autre de madame de Maintenon.

L’épouse du roi y est représentée en Sainte Françoise Romaine, sainte du XVe siècle, rappelant la piété bien connue de Madame de Maintenon. Couverte d’un voile transparent, elle couvre de son manteau sa poitrine gauche et sur sa robe de brocart, en signe de pudeur. Cependant, mon manteau de velours bleu doublé d’hermine est celui de la famille royale des Bourbons. En revanche le portrait se situe en dehors des références temporelles : la coupe de la robe évoque celle de l’aristocratie romaine du XVe siècle et non les robes portées à la cour.

Marie-Angélique de Coulanges dans une lettre datée du 29 octobre 1694, adressée à sa cousine, la marquise de Sévigné, commente longuement ce portrait : « j’ai vu la plus belle chose qu’on puisse imaginer ; c’est un portrait de Madame de Maintenon, fait par Mignard ; elle est habillée en sainte Françoise Romaine : Mignard l’a embellie ; mais c’est sans fadeur, sans incarnat, sans blanc, sans l’air de la jeunesse ; et sans toutes ses perfections, il nous fait voir un visage et une physionomie au-dessus de tout ce que l’on peut dire ; des yeux animés, une grâce parfaite, point d’atours, et avec tout cela aucun portrait ne tient devant celui-là ».

Sa main gauche tient un livre d’heures, ouvert à la page de l’office de la Très Sainte Vierge Marie, où un verset s’y trouve écrit en caractères dorés, tandis que le sablier du temps s’écoule, bien plus visible sur l’œuvre de Bussy-Rabutin. Il ferait référence à la rapidité dont la sainte a suivi les commandements de Dieu. Outre la facture plus maladroite sur l’œuvre conservée au château de Bussy-Rabutin, c’est l’une des seules différences entre les deux tableaux. On en connait aujourd’hui plusieurs copies, en gravure ou sur toile, éparpillés entre le Louvre, Versailles mais aussi dans le château de Maintenon.

Un autre portrait célèbre la représente avec sa nièce, la future duchesse de Noailles. Madame de Maintenon, vêtue d’une longue robe noire, un voile recouvrant sa tête, figure sous de lourds drapés qui forment dais, laissant apercevoir les bâtiments de la maison de Saint-Cyr, que la marquise a fondée.

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Mathieu Da Vinha et Alexandre Maral, Madame de Maintenon, dans les allées du pouvoir, cat. exp., Paris, Hazan, 2019.

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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