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Anne-Marie-Louise d’Orléans, dite la Grande Mademoiselle, duchesse de Montpensier

Partez à la découverte de la véritable physionomie de la Grande Mademoiselle...

Présentation de l'oeuvre

École française du XVIIe siècle, Anne-Marie-Louise d’Orléans, dite la Grande Mademoiselle, duchesse de Montpensier (1627-1693). Huile sur toile, 41 x 33 cm. Château de Bussy-Rabutin (Bussy-le-Grand)

© Benjamin Gavaudo / CMN

 

Anne-Marie-Louise d’Orléans est l’une des princesses les plus riches d’Europe au temps de Louis XIV, héritant de la fortune colossale de sa famille. Cousine germaine de Louis XIV, elle n’hésite pas à être en désaccord avec lui, en raison des mariages qu’il veut lui imposer. Elle participe à la Fronde contre le gouvernement de Mazarin, ce qui lui vaut un exil de plusieurs années en Bourgogne. De retour à la cour en 1657, elle s’attire la jalousie de la plupart de ses membres en raison de sa fortune. La marquise de Sévigné la décrit d’ailleurs comme avare et froide à la cour de Versailles.

Pendant son exil à Saint-Fargeau et par le biais de la littérature, elle se rapproche de Roger de Bussy-Rabutin, lui aussi en exil. Bussy Rabutin s’affirme « d’une continuité d’harmonie » avec ce que représente la Grande Mademoiselle. Il est aussi par alliance « cousin » de la grande Mademoiselle. Certains membres de la cour de la Grande Mademoiselle figurent dans la série de portraits de son château, comme la comtesse de Fiesque peint par l‘atelier des Beaubrun. Du reste, la princesse a elle aussi constitué une galerie des portraits dans son château de Choisy.

Cette figure importante de la cour de France a été peinte de nombreuses fois, mais très rarement dans sa jeunesse. Dans le portrait conservé au château de Bussy-Rabutin, aux traits idéalisés, elle porte une riche robe au large décolleté découvrant pratiquement les épaules, parsemé de perles et de pierres semi-précieuses, typique de la mode féminine à la cour de Louis XIV. Les manches sont bouffantes, le corps de baleine rigide, recouvert d’un brocart.

Sur le plan de la composition ainsi que des détails vestimentaires comme les bijoux, les estampes d’après Gilbert Sève ou celle de Pierre Simon entretiennent quelques similitudes avec le portrait conservé au château de Bussy-Rabutin : le visage est présenté de trois-quarts, la coiffure et les boucles d’oreille sont identiques. Seules quelques variations sur la disposition des perles sur la robe sont à noter. En revanche, l’idéalisation des traits a laissé place à un rendu plus scrupuleux, ne négligeant rien des disgrâces de la dame. Même les le portrait passé en vente publique (vente Christie's, Paris, 22.06.2005), identifié comme étant exécuté par le cercle de Charles Beaubrun, rend de manière plus franche les traits si caractéristiques de la Grande Mademoiselle.

Le portrait conservé au château de Bussy-Rabutin, acquis par le comte de Sarcus au XIXe siècle, apparaît tellement idéalisé qu’il rend l’identification du modèle un peu douteuse…

 

Pierre Simon (1640-1710), Anne-Marie-Louise d'Orléans, duchesse de Montpensier (1627-1693), dite La Grande Mademoiselle, 1688. Estampe, 50,9 x 42,2 cm. Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon

© Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / image château de Versailles

 

Louis Ferdinand II Elle, dit l'Ancien (1612-1689), Anne-Marie d'Orléans (1627-1693), duchesse de Montpensier. Huile sur toile. Italie, Turin, galerie Sabauda

© Archives Alinari, Florence, Dist. RMN-Grand Palais / Mauro Magliani

 

Cercle de Charles Beaubrun (1604-1692), Anne-Marie-Louise d’Orléans, dite la Grande Mademoiselle, duchesse de Montpensier (1627-1693). Huile sur toile, 105 x 88 cm. Vente Christie's, Paris, 22. 06. 2005

© Wikipedia

 

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Christian Bouyer, La Grande Mademoiselle, La tumultueuse cousine de Louis XIV, Paris, Pygmalion, 2004.

Fanny Népote-Desmarres, « L'exil et la cour chez Bussy-Rabutin », Cahiers de l'Association internationale des études francaises, 1991, n°43. p. 45-58.

Lucretia de Planta, Essai de reconstitution de la collection de Roger de Rabutin, comte de Bussy, au château de Bussy-le-Grand (Côte d'Or), mémoire de Maîtrise, Paris IV-Sorbonne, 1989-1991 p. 59-60, 64-66, 69, et 72-73.

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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