Incontournable
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Incontournable
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Amateur de mystères ? Férus de codage ? Plus d’hésitation, la salle des devises vous attend pour vous révéler tous ses secrets ! Laissez-vous surprendre par l’esprit affuté de Roger de Rabutin.
La devise est une représentation d’une idée par une image accompagnée d’une phrase : elle a pour but de commémorer une occasion, un sentiment, une personne.
Dans sa demeure, le comte pousse ce jeu à son apogée : trente-huit devises y prennent place mettant ainsi en avant cet idéal de l’esprit aristocratique pétri de finesse et d’élévation tout en révélant la grande sensibilité et la grande culture de ce noble bourguignon.
Elles sont situées principalement dans la Salle des Devises, qui est certainement l’une des pièces les plus énigmatiques du monument. Celle-ci témoigne de l’éducation jésuite reçue par Roger de Rabutin puisqu’il y recrée les exercices de fin d’année auxquels ses professeurs l’avaient habitué.
Elle lui permet de mettre en avant sa grande érudition et il ne se prive pas de corser le jeu en choisissant de rédiger les sentences dans quatre langues : français, latin mais aussi espagnol et italien.
Quatre thématiques apparaissent dans cet impressionnant décor, la première étant le caractère du comte.
Lucide sur lui-même, Roger de Rabutin se doute que son impulsivité et sa haute opinion de lui-même lui jouent des tours face à Louis XIV. Mais, homme au franc-parler et entier, il ne renie pas ses traits de caractère.
Malheur à ceux qui le dénigrent, ils subiront son courroux ! En bon homme de guerre, le comte ne se laisse pas attaquer sans riposter.
Ainsi, à l’entrée de la salle des Devises, il prévient les inconscients avec « l’Oignon » : si vous me cherchez, vous me trouverez !
De la pointe de son épée ou par ses mots, il vous fera pleurer !
La deuxième thématique est celle de son ressentiment envers Madame de Montglas, sa maîtresse qui a osé le quitter suite au scandale de l’Histoire amoureuse des Gaules.
Le comte a la rancune tenace, tout particulièrement envers celle qu’il surnommera par la suite « l’Infidèle ». Il la compare tour à tour à la Sirène ou à la Fortune et ne cesse de la tacler sur son infidélité ou son inconstance.
Il ira jusqu’à contourner la seule règle en vigueur dans ce jeu littéraire en mettant une figure humaine dans toutes les devises concernant son ancienne amante. Son explication ?
« Puisqu'on peut y mettre des monstres, regardez-la comme telle ! »
On peut dire sans crainte que Louis XIV et Roger de Rabutin, c’est une sacrée histoire où chacun ne cesse de clamer : « Je t’aime, moi non plus ».
Le malheur du comte est d’être né entre deux règnes et de ne pas avoir compris la mutation de société qui s’opère avec le Roi-Soleil.
Cette incompréhension mutuelle se déploie sur les murs de la salle où Roger de Rabutin ne cesse d’exprimer la difficulté d’être courtisan à l’ombre du grand roi, comme l’illustre parfaitement « l’Oranger » qui reflète toute la fragilité de ce statut avec sa sentence :
« Le printemps et l’hiver mêlent leurs dons ».
Un jour, vous pouvez être au sommet à la Cour et le lendemain, tout le monde vous oublie…
Exilé dans ses terres bourguignonnes, trompant son ennui en créant ce fantastique et émouvant décor intérieur, Roger de Rabutin n’oublie pas ses premiers amours.
Galant homme avant tout, le célèbre écrivain des Maximes d’Amours ne cesse également de distiller ses conseils amoureux dans sa demeure.
Il n’est pourtant pas à l’abri de subir les affres d’une affection non partagée, comme l’illustre à merveille « La Cruche d’eau » :
« Plus elle me refroidit, plus je m’enflamme » !
Désormais, vous avez toutes les clés pour déchiffrer ce mystérieux décor : les trente-huit devises du château n'attendent plus que vous pour être déchiffrées.
Prêts à relever le défi ? Rendez-vous en terres bourguignonnes pour tenter de décoder ces « images parlantes » !